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Adagio Bach Marcello BWV 974 au piano
série de 22 cours de piano
L’Adagio BWV 974, transcription réalisée par Johann Sebastian Bach d’un concerto pour hautbois d’Alessandro Marcello, occupe une place tout à fait particulière dans le répertoire baroque. Alessandro Marcello, compositeur vénitien du début du XVIIIᵉ siècle, était une figure raffinée de la culture italienne : poète, philosophe, mais aussi musicien au style sobre, noble et expressif. Son concerto en ré mineur est sans doute son œuvre la plus célèbre. Bach, admiratif, en a réalisé une version pour clavecin seul, extrêmement fidèle dans l’esprit mais profondément personnelle dans l’écriture. Cette transcription, aujourd’hui très souvent interprétée au piano, a traversé les siècles grâce à son intensité émotionnelle et à sa beauté lumineuse.
Nous proposons une grande série (niveau intermédiaire) :
- Cours de déchiffrage (cours 1 à 9)
- Cours d'exercices techniques (cours 10 et 11)
- Cours de travail sur la vitesse et l'indépendance des mains ( cours 12 à 17)
- Cours d'interprétation (cours 18 à 22)
Dès les premières mesures, l’Adagio nous entraîne dans un climat méditatif, presque suspendu. La tonalité de ré mineur, chère aux compositeurs baroques lorsqu’ils souhaitent exprimer la gravité ou la tendresse profonde, donne au morceau une couleur sombre et chaleureuse. La ligne mélodique, d’une grande pureté, s’élève avec une élégance presque vocale. On y retrouve la délicatesse des ornements italiens, ces petites appoggiatures et nuances expressives qui donnent l’impression que la mélodie se déploie librement, comme improvisée. Rien n’est lourd, rien n’est démonstratif : tout respire la simplicité et la sincérité.
Pendant que la voix principale chante, l’accompagnement se déroule de manière régulière, presque immobile, sous forme d’arpèges délicatement tissés. Cette alternance entre une mélodie souple et expressive et un fond harmonique stable crée une sensation de profondeur intérieure. Le piano permet d’ajouter à cette texture une palette de nuances particulièrement large. Une légère pression, un souffle dans le phrasé, un appui sur une note expressive : tout contribue à faire vibrer l’émotion intime du morceau.
Malgré son apparente simplicité, l’Adagio exige une maîtrise subtile. Il demande avant tout un contrôle du son, une écoute intérieure et un sens très fin de la respiration musicale. Certaines mesures, plus piégeuses qu’il n’y paraît, nécessitent d’être travaillées patiemment pour trouver l’équilibre entre fluidité et stabilité. Il ne s’agit pas seulement de jouer les notes, mais de comprendre la façon dont chaque phrase doit se déployer, comment elle doit s’ouvrir, culminer, puis retomber doucement. Le tempo lui-même n’est jamais strict : il doit rester vivant, souple, porté par un mouvement naturel.
Ce morceau invite ainsi à une forme de dialogue entre l’interprète et la musique. Plus on avance dans son étude, plus on découvre sa profondeur expressive. Certains choisiront un tempo lent, pour souligner la gravité et la dimension contemplative ; d’autres préféreront un mouvement légèrement plus animé, qui mettra en valeur le caractère chantant et lumineux de la mélodie. Dans les deux cas, l’Adagio exige une grande délicatesse d’écoute et une intention musicale claire.
Étudier cette œuvre, c’est donc entrer dans l’univers raffiné d’Alessandro Marcello, vu à travers le regard de Bach. C’est aussi l’occasion de travailler une interprétation où chaque nuance, chaque respiration, chaque ornement a son importance. Le morceau devient alors un terrain idéal pour approfondir le contrôle du toucher, développer la sensibilité musicale et explorer la richesse expressive du piano. Une pièce courte, mais d’une intensité rare, qui accompagne l’élève tout au long de son parcours et lui apprend à jouer non seulement avec les doigts… mais avec l’âme.
